Les phases de la récolte du miel : le désoperculage

Lorsque les abeilles ont terminé leur travail pendant la floraison et que les hausses sont remplies de miel, commence alors l’une des tâches les plus délicates pour l’apiculteur : la récolte du miel.

Elle se compose de plusieurs phases : le désoperculage, l’extraction, la décantation et le conditionnement.

Le désoperculage

Commençons par la première phase : le désoperculage. Désoperculer consiste à enlever cette fine couche de cire, connue sous le nom d’opercules, pour que le miel puisse s’écouler lors de la centrifugation dans l’extracteur.

Comment désoperculer ?

C’est une tâche qui demande une certaine pratique. Nous disposons de différents outils pour réaliser cette découpe. En outre, il faut une cuve ou un bac pour récupérer tous les opercules et le miel qui y sont attachés.

Si l’on désopercule manuellement, il faut retirer un à un les cadres des hausses en les prenant par les coins, entre le pouce et l’index, et les placer sur le support ou à la verticale au-dessus d’une cuve.

Inclinez légèrement le cadre depuis la verticale, et commencez à couper à partir de la base du cadre avec l’outil choisi. Une fois les cadres désoperculés, ils peuvent être placés dans l’extracteur.

L’état des rayons est également important. C’est pourquoi nous insistons toujours sur le renouvellement régulier de la cire d’abeille, car avec le temps, les cadres de réserve se détériorent, non seulement par le noircissement de la cire, mais aussi par les trous, cavités et déformations des rayons, ce qui complique le travail de désoperculation.

Quels outils sont nécessaires pour désoperculer ?

Comme mentionné précédemment, il existe de nombreux types d’équipements pour désoperculer, des outils manuels aux équipements chauffés à la vapeur ou à l’électricité, jusqu’à la machinerie automatique.

C’est ici que l’on perçoit le plus grand écart entre les apiculteurs aux exploitations mécanisées ou non.

La herse

La herse est l’outil le plus utilisé. Bien qu’il ne soit pas le plus rapide, c’est une option économique, très facile à manipuler, idéale pour les débutants. En plus de sa simplicité, elle est très polyvalente et permet d’atteindre tous les coins du cadre.

La herse est un outil indispensable, même pour les professionnels équipés de désoperculateurs automatiques, car si certaines parties des cadres échappent aux machines, ces zones doivent être finalisées avec ce « peigne fin».

Désoperculer avec une herse

Les couteaux à lame lisse ou dentée

Ce sont les outils de coupe les plus traditionnels. Ils ont leurs particularités et demandent une certaine pratique. Il est préférable de maintenir la température de la lame autour de 49 °C. Pour cela, on peut plonger la lame dans de l’eau chaude bouillante (puis de l’essuyer), une pratique très ancienne et efficace qui permet de couper plus rapidement et de garder l’outil propre.

Il existe deux types de couteaux : à lame lisse et à lame dentée. Les couteaux à lame lisse coupent facilement les cires claires, récentes, s’ils sont bien affûtés ou chauffés par une immersion dans l’eau.

Les couteaux à lame dentée conviennent aux cires noires et anciennes.

Astuce : Manipulez le couteau de droite à gauche et de gauche à droite. S’il s’accroche, c’est qu’il a heurté une alvéole remplie de pollen, ou le bois du cadre. N’insistez pas, grattez simplement le couteau sur le bord de la cuve.

Les couteaux électriques

Grâce au courant électrique, ils atteignent la température idéale pour effectuer une coupe beaucoup plus rapide et confortable, sans avoir besoin de les chauffer en continu dans de l’eau, comme c’est le cas avec les couteaux classiques.

Avec ce type de couteaux, il faut faire attention à la température, car ils peuvent caraméliser les résidus de miel, ce qui pourrait augmenter la concentration en HMF (hydroxyméthylfurfural).

Généralement, les couteaux modernes sont équipés d’un thermostat pour limiter la température maximale et éviter ce type de problèmes.

Le rouleau à picots

Dans le cas des miels très épais ou thixotropes, comme ceux de certaines bruyères, on utilise un rouleau à picots pour désoperculer.

Sans cette manipulation, ce type particulier de miel est si visqueux qu’il ne peut pas s’échapper des alvéoles avec les techniques classiques d’extraction. En résumé, on agite le miel pour le rendre fluide, facilitant ainsi son extraction.

Les systèmes automatiques de désoperculation

Les désoperculateurs horizontaux à chaînes rotatives

Le désoperculage est réalisé par des maillons en acier inoxydable, mais la coupe n’est pas aussi « propre » que celle réalisée par des désoperculateurs verticaux. Cela implique que le filtrage et la décantation du miel nécessitent plus d’attention, car de nombreux petits résidus d’opercules sont entraînés.

Contrairement aux désoperculateurs verticaux, ils présentent l’avantage de fonctionner avec tous les types de cadres, quelle que soit leur taille, qu’ils soient de type Hoffman ou non, etc.

Un autre avantage est qu’ils travaillent à froid, réalisant tout le désoperculage sans nécessité de chauffer. Cela évite tout risque de surchauffe du miel et donc une augmentation du HMF.

Les désoperculateurs verticaux

Ils fonctionnent avec des lames vibrantes chauffées par vapeur ou électricité. Leur disposition verticale permet d’alimenter la machine en insérant les cadres par le haut.

Certains modèles, au lieu de lames vibrantes, utilisent une seule lame en forme de V. Ces machines sont très populaires en Argentine.

Contrairement aux désoperculateurs rotatifs à chaînes, ce type de désoperculateur vertical ne peut pas fonctionner avec différentes tailles de cadres. Par exemple, il est impossible d’extraire des cadres Layens et Langstroth avec la même machine.

La picoteuse

Comme mentionné précédemment avec le rouleau, à grande échelle, il existe une machine appelée picoteuse.

Pour les miels visqueux, comme ceux de bruyère, elle modifie la consistance du miel encore contenu dans les alvéoles. Elle utilise des tiges d’acier qui pénètrent dans chaque alvéole et remuent leur contenu.

Considérations pour la phase de désoperculage et d’extraction

Certains professionnels placent d’abord leurs hausses remplies dans une chambre chauffée à une température d’environ 35 à 38ºC pour liquéfier le miel sous les opercules et faciliter ainsi l’extraction.

Les miels cristallisés sous les opercules à cause d’un retard de quelques semaines dans la récolte, ou ceux ayant cristallisé naturellement après la miellée (comme cela arrive parfois avec le miel de colza), doivent impérativement passer par la chambre chaude pendant 24 à 48 heures avant l’extraction.

Sans ce chauffage, le miel ne pourrait pas s’échapper des opercules sous l’effet de la force centrifuge des extracteurs. Dans des pays très secs, comme la Californie, l’air de la chambre chaude est humidifié pour maintenir la teneur en eau du miel à environ 18 %. En revanche, dans des régions humides, l’opération inverse est pratiquée.

Il est important d’éviter que le miel ne reste trop longtemps dans les hausses après sa sortie du rucher, car les œufs de fausses-teignes pourraient éclore au bout d’une semaine, et les cadres de miel seraient rapidement envahis par les larves.

Que faire des opercules ?

Les restes d’opercules sont très précieux, car ils contiennent encore du miel et constituent une excellente source de cire que l’on réemploie.

Les opercules fournissent environ 1,5 kg de cire fondue pour 100 kg de miel. Une autre partie provient des vieux cadres.

Égoutter tout le miel des opercules

La méthode traditionnelle consiste à presser les opercules à l’aide d’une presse manuelle. 

Une autre option consiste à les centrifuger. Il existe des machines spéciales pour séparer la cire du miel, appelées centrifugeuses à opercules. Cependant, c’est un investissement qui ne convient qu’aux professionnels. Pour les amateurs, une bonne option pour extraire le miel restant est d’utiliser des sacs à opercules, suspendus dans les cages de l’extracteur tangentiel et centrifugés.

Fondre les opercules

Une autre option est d’utiliser directement un fondoir à opercules, qui, en continu, chauffe pour dissocier la cire du miel.

Pour les amateurs, un cerificateur solaire peut être utilisé.

Le miel extrait du fondoir à opercules doit être traité séparément en raison de sa couleur intense et de son goût. De plus, il a subi une augmentation considérable de son HMF. Ce miel est généralement destiné à des usages industriels, comme la pâtisserie.