Dans un post précédent, nous avons abordé les concepts généraux sur la cire. Ce nouvel article se concentrera sur la pratique de la gestion de la cire défectueuse, qu’elles soient usée ou détériorée pour diverses raisons. Nous verrons comment fondre la cire et la préparer pour la conserver. Ce processus est essentiel à notre climat, où la prolifération des fausses-teignes peut détruire les cadres de cire, dès que les températures le permettent.
La sélection des cadres
Tout d’abord, il faut bien définir l’usage que l’on va avoir de la cire propre obtenue. Si c’est pour fabriquer des feuilles de cadres, les critères de sélection seront les suivants :
- Ne pas utiliser les cadres ayant été en contact direct avec les traitements contre le varroa, car ils auront accumulé des résidus (sauf si de l’acide oxalique a été utilisé, car il laisse moins de traces) ; par conséquent, il est bon de marquer les têtes des cadres en contact direct avec les traitements ; les cadres les plus éloignés du traitement auront moins de résidus, et la cire des hausses (cire bâtie ou opercules) a beaucoup moins de résidus.
- Ne pas utiliser les cadres des ruches ayant péri à cause de maladies difficiles à éradiquer par la chaleur comme la loque américaine, ni ceux intoxiqués par un traitement, moisis, et nous limiter la présence de cire provenant de ruches atteintes d’autres pathologies.
- Avant de fondre les rayons, il est nécessaire d’éliminer tous les restes des traitements contre la varroa, afin qu’ils ne « s’infusent » pas dans la cire liquide avec la chaleur (bandelettes).
- Les cadres non-sélectionnés pourront être utilisés à d’autres fins (comme des bougies ou d’autres applications).
Une autre possibilité est de travailler avec la cire des opercules, qui doit être bien essorée pour éliminer tout le miel. À cette fin, elle peut être lavée à l’eau tiède, ce qui permet d’obtenir de l’eau au miel, avec lequel on préparait autrefois la meloja ou l’arrope, en le faisant cuire jusqu’à réduire son volume à un tiers, et en ajoutant des morceaux de citrouille, préalablement durcis dans de l’eau de chaux, pour qu’ils ne se désagrègent pas pendant les heures de cuisson. L’eau mielleuse issue du lavage des opercules peut également servir de base à la fabrication de l’hydromel.
Fondre la cire
Les températures de fusion
La cire d’abeille fond à 62-65 °C, il est donc nécessaire d’atteindre une température supérieure, d’entre 75 et 90 °C, pour qu’elle passe en phase liquide et soit plus facile à travailler. Pour cela, la cire sélectionnée peut être placée dans des cérificateurs solaires, au-dessus d’un bain de vapeur, ou dans des récipients connectés à une source de vapeur d’eau.
Au-delà de 100 °C, la cire commence à perdre ses composants volatils, des arômes qui influenceront l’acceptation finale des feuilles par les abeilles, et à partir de 140 °C, les pertes de molécules deviennent trop importantes. La cire est brûlée.
Les cérificateurs solaires
Les cérificateurs solaires consistent en une boîte avec une inclinaison qui permet de capter plus de soleil, généralement peinte en noir à l’intérieur, avec un couvercle en verre, un plateau métallique en dessous et un filtre en tôle perforée dans la partie inférieure de ce plateau, afin que les cocons du couvain, les grumeaux de pollen et d’autres éléments indésirables soient retenus lorsque la cire fondue s’écoule dans un petit bac ou un moule situé en dessous. Ils doivent être orientables pour maximiser l’exposition au soleil.
La cire obtenue de cette manière a parfois été exposée à des températures trop élevées, ce qui lui fait perdre une partie de ses arômes et peut la rendre moins attrayante pour les abeilles.
Les fondoirs
Une autre option consiste à utiliser des fondoirs, disponibles dans une large gamme de fabrications artisanales et commerciales. Ils se composent essentiellement d’un récipient divisé en deux parties, la partie inférieure étant un réservoir d’eau avec un tube de remplissage, relié à la partie supérieure par un autre tube. La cire est placée dans la partie supérieure, dans un panier en tôle perforée qui permet à la cire fondue de s’écouler tout en retenant les impuretés. Le panier est amovible et repose sur de petites pattes qui le soulèvent légèrement. En chauffant l’eau, la vapeur monte dans la partie supérieure, faisant fondre la cire, qui coule dans un moule via un tube de sortie, laissant une masse de résidus dans le panier.
Ces résidus sont riches en protéines et en matière organique, un excellent engrais, bien que légèrement puissant, pour les plantes.
Les moules utilisés pour recevoir la cire liquide doivent toujours être de forme trapézoïdale pour faciliter le démoulage des pains de cire.
La meilleure façon de travailler est d’avoir deux paniers et, lorsqu’un est retiré après traitement, de placer immédiatement l’autre, déjà chargé de cire à traiter, pour profiter de la chaleur.
Une autre option consiste à utiliser un récipient à deux compartiments internes : dans l’un, on place les cadres entiers qui reçoivent directement la vapeur d’eau, ce qui fait tomber les rayons et fondre la cire ; dans l’autre, adjacent et rempli d’eau très chaude, on rince les cadres pour les débarrasser presque entièrement de la cire. Ces récipients sont généralement de forme prismatique pour faciliter le placement des cadres.
Les centrifugeuses à cire
Dans les exploitations avec plus de ruches, on utilise généralement des centrifugeuses. Leur corps cylindrique contient un ou plusieurs petits paniers en tôle perforée sur lesquels de la vapeur d’eau est injectée pour faire fondre les rayons.
La cire liquide s’écoule par la partie inférieure, les résidus restent dans le panier, et les paniers sont remplacés par d’autres, remplis de cadres, une fois leur processus terminé.
Maximiser le rendement
Un pressage à chaud de la pâte résiduelle, en ajoutant de l’eau à une température adéquate, permet d’extraire un peu plus de cire, ce qui dépendra du type de cadres traités. Pour les vieux rayons, le rendement final ne dépassera pas 50 %, mais il peut être plus élevé pour les nouvelles cires ou les opercules, si elles sont bien égouttées.
Presse hydraulique pour le pressage des résidus et maximiser le rendement de la cire.
Nettoyage et décantation de la cire
Désinfection des cadres
Les résidus, en particulier la propolis, qui restent collés aux cadres doivent être éliminés avant leur réutilisation. Il est préférable de le faire dès la sortie du fondoir, car ils sont alors plus souples. Cela peut se faire en les grattant manuellement, en les rinçant dans un récipient d’eau très chaude, ou avec un jet d’eau à haute pression d’une machine de type Karcher.
Nettoyage des cadres
Certaines personnes ajoutent de la soude caustique à 2-3 % dans l’eau de rinçage des cadres, mais cela corrode le fil de fer (sauf s’il est en inox), est dangereux à manipuler et pose un problème écologique pour son élimination. Si l’objectif est de les désinfecter, il est préférable d’utiliser un mélange de ⅚ d’eau pour ⅙ de javel, avec un peu de détergent pour améliorer sa pénétration.
Décantation de la cire obtenue
Le résultat de ces processus donne une série de pains de cire, qui peuvent avoir une couleur plus ou moins claire, et contenir plus ou moins de résidus, selon les rayons de départ (les vieux donnent des cires plus sombres, les nouveaux et les opercules plus claires). La couleur dépend également du degré de décantation de la cire liquide.
Photo de gauche : pains de cire d’anciennetés différentes. Photo de droite : Pains de cire propres
Pour que la cire des pains obtenus dans les moules, soit aussi propre que possible, il est recommandé que la cire liquide soit recueillie au-dessus d’une eau chaude, à environ 75-80 °C, et qu’on la laisse reposer le temps nécessaire pour que les impuretés se déposent et descendent dans l’eau. La cire collectée à la surface sera plus décantée, plus pure, et pourra être versée dans les moules pour se solidifier et être conservée sans problème.
Si la décantation n’a pas été bien réalisée, le pain de cire contiendra des impuretés dans sa partie inférieure, qu’il faudra gratter pour les éliminer.
Pain de cire mal décanté qui nécessite d’être gratté.
Le temps de décantation dépend de plusieurs facteurs : la propreté de la cire à fondre, la hauteur de la couche de cire liquide et la température du processus… Dans chaque cas, il est conseillé de faire quelques essais pour déterminer le temps optimal avec l’installation de chacun.
Les pains de cire peuvent être conservés sans problème d’une saison à l’autre. Cependant, pour la fabrication des feuilles, l’utilisation principale de la cire d’abeille, il est préférable de travailler avec des pains récents, car avec le temps, la cire perd ses arômes, un facteur important pour l’acceptation des feuilles par les abeilles.
La couleur de la cire
La couleur, tant qu’elle n’est pas très sombre, n’est pas un critère de qualité. Elle dépend en grande partie du pollen consommé par les abeilles, de l’âge et de l’état des rayons d’origine (vieux, oxydés ou moisis).
Bien entendu, la cire peut être blanchie. Autrefois, cela se faisait en l’exposant au soleil ou en la faisant couler en perles sur de l’eau chaude après l’avoir fondue. Il est également possible d’ajouter certains acides pour éliminer une partie des impuretés organiques, ou d’utiliser des oxydants, mais ce n’est pas recommandé pour les cires destinées à un usage apicole, en raison des résidus.
Une bonne décantation, comme mentionné, éclaircit déjà beaucoup la cire.
Filtration avec du charbon actif
Il est également possible d’utiliser la filtration avec de la terre de diatomée et du charbon actif, mais cela nécessite une installation avec des machines capables de traiter des quantités importantes de cire pour rentabiliser l’investissement, ce qui n’est pas à la portée des exploitations apicoles habituelles. Ce processus est le seul (pour l’instant) qui élimine également une bonne partie des résidus des traitements.
La même cire, avant et après filtration avec de la terre de diatomée. Milfamiel.
Évidemment, la manière la plus judicieuse d’obtenir des feuilles plus claires est d’utiliser de la cire d’opercules, mais elle est alors moins flexible.
Contaminations et dangers de la cire
L’utilisation majoritaire de la cire est pour la fabrication de feuilles gaufrées dans l’industrie apicole. Le gros problème est que la cire originaire de ruches, utilisée pour fabriquer des feuilles, puisse contenir des contaminants. Ces contaminants peuvent être de deux types : résidus de traitements et spores de maladies résistantes.
Le traitement de la cire n’élimine pas les résidus d’acaricides, ni ceux d’autres traitements. Des feuilles de qualité sont obtenues à partir de cires les plus pures possibles, il est donc nécessaire de sélectionner celles qui seront destinées à cet usage, comme mentionné au début de cet article.
Les formes vivantes microscopiques des maladies des abeilles disparaîtront avec les traitements thermiques de la cire lors de son traitement. Cependant, certaines de leurs spores résistantes ne disparaîtront pas. Les spores de loque américaine peuvent rester inactives pendant 10 ans dans les produits des ruches (miel, cire…), mais elles sont éliminées à 120 °C pendant 20 minutes, ou à 110 °C pendant 3-4 heures. Ces conditions ne sont pas respectées dans le traitement de la cire, il est donc recommandé de ne pas recycler la cire des ruches mortes de cette maladie et de les brûler.
Les spores de loque européenne diminuent sensiblement à 80 °C pendant 22 minutes. Celles de nosema à 60 °C pendant 15 minutes. Les spores de couvain plâtré résistent également plusieurs années ; on ne sait pas combien de temps elles survivent dans la cire, mais dans le miel, elles ne survivent pas à 70 °C pendant 20 minutes. Ces conditions sont respectées dans les traitements normaux de la cire commercialisée, il n’est donc pas à craindre, sauf cas exceptionnels, que les feuilles soient des vecteurs de ces maladies.
Certaines installations de ciriers professionnels stérilisent la cire dans des chaudières adéquates pour atteindre 120 °C, ou dans des étuves qui, en plus, augmentent la pression, les rendant ainsi plus efficaces.
Dans des conditions normales, il n’est pas nécessaire de soumettre la cire à ce processus ; cela n’est conseillé que pour des lots avec une charge microbienne élevée due à la loque américaine, ce qui est rarement le cas.
ISNI 0000 0005 1801 1100 | Joshua Ivars es gerente de LA TIENDA DEL APICULTOR y autor del blog, donde comparte contenido técnico y práctico para apicultores. Con amplia experiencia en el sector apícola, se dedica a ofrecer consejos y soluciones basadas en las necesidades reales del apicultor, aportando su conocimiento en productos y prácticas esenciales para la apicultura.