La pollinisation : un service professionnel effectué par les apiculteurs

Introduction

Les plantes possèdent différents mécanismes pour perpétuer leur espèce : les graines, l’enracinement des pousses, les rejets de racines…

Les plantes à fleurs, pour produire des graines, ont besoin d’être pollinisées, que ce soit par l’air, par des insectes, par des oiseaux…

Il existe des preuves fossiles démontrant qu’il y a plus de 100 millions d’années, des insectes jouaient déjà ce rôle. Les plantes et les fleurs ont évolué pour améliorer cette relation. Elles offrent une récompense aux insectes en échange de leur visite, du nectar et/ou du pollen, c’est-à-dire des sucres et/ou des graisses et protéines pour leur alimentation. En échange, les plantes s’assurent que le pollen qui féconde leurs ovules provient d’une autre plante, améliorant ainsi la survie de leur espèce grâce à la recombinaison génétique.

Abeille pollinisant un arbre fruitier

L’intensification de l’agriculture ces dernières années a provoqué l’augmentation des monocultures, appauvrissant ainsi le paysage agricole en termes de diversité de plantes. La spécialisation par régions, les grandes parcelles, l’élimination de la végétation entre les rangées d’arbres, et en bordure des champs, ont également contribué à l’appauvrissement de l’entomofaune présente dans ces zones, entraînant ainsi un déclin des pollinisateurs.

C’est pourquoi il est de plus en plus fréquent que les agriculteurs louent des ruches, des abeilles ou des bourdons pour garantir leur récolte, tant en qualité qu’en quantité.

Pollinisation aux États-Unis

Le cas le plus impressionnant est celui de la pollinisation des amandiers aux États-Unis, qui sont cultivés sur de vastes surfaces en Californie, où il n’y a pratiquement pas de pollinisateurs sauvages. Ceux qui existent ne s’aventurent qu’à quelques centaines de mètres du bord de la culture. Lors de la floraison des amandiers, des ruches migrent de toutes parts. Selon leurs calculs, environ 2 500 000 ruches sont nécessaires pour assurer une bonne production sur les grandes surfaces cultivées, qui fournissent 80 % des amandes commercialisées dans le monde. Cependant, toutes les ruches ne sont pas disponibles. Aux États-Unis, on compte environ 2 600 000 ruches, et l’année dernière, seulement 1 850 000 ruches ont été utilisées pour cette pollinisation, avec un coût de location moyen de 194 $ US (172 €) par ruche pour cette période de floraison.

Pollinisation en Espagne

En Espagne, le service de pollinisation est également utilisé pour les amandiers, les pommiers et autres arbres fruitiers, ainsi que pour les melons, les myrtilles, les pastèques, et d’autres cultures sous serre ou pour la production de semences…

Les exigences sont de plus en plus strictes, et la relation entre les parties devient plus technique, c’est pourquoi il est important de respecter un minimum d’engagements.

Nous allons examiner les aspects les plus importants de cette relation :

Quel type de ruche faut-il apporter pour la pollinisation ?

Pour que ce service soit bien réalisé, les ruches doivent être saines et bien peuplées.

Elles doivent contenir un nombre suffisant d’abeilles. De nombreux contrats de pollinisation stipulent qu’il doit y avoir 8 cadres couverts d’abeilles, avec au moins 3 cadres de couvain, dont 1 impérativement de couvain ouvert.

Où les installer ?

Les abeilles ont un rayon d’action efficace d’environ 1 km, mais pour les cultures difficiles, il est préférable de placer des groupes de ruches tous les 300 mètres. Elles doivent être orientées vers le sud, dans un endroit où elles ne gênent pas le personnel de la ferme et où elles ne sont pas sur un chemin de passage.

Elles doivent également disposer d’eau propre à proximité.

Combien faut-il en installer ?

Cela dépendra de la ruche, de la culture et du design de la plantation, mais dans la plupart des cas, on installe entre 4 et 10 ruches par hectare.

Si la ruche n’est pas très peuplée ou s’il n’y a pas beaucoup de couvain, il faudra en augmenter la quantité.

Quand faut-il les installer ?

Normalement, au début de la floraison, lorsque 10 à 20 % des fleurs sont ouvertes, pour éviter que les abeilles ne s’habituent à aller vers d’autres floraisons voisines. Certains agriculteurs préfèrent installer les ruches dès que les premières fleurs s’ouvrent.

Quand faut-il les retirer ?

Il est préférable de les retirer immédiatement après la fin du service. L’agriculteur, dans certains cas, doit commencer les traitements de protection de sa culture.

Outre le paiement du service, quelles sont les obligations de l’agriculteur ?

L’agriculteur doit mettre à disposition des points d’eau propre et accessibles pour que les abeilles puissent boire, et il ne doit utiliser aucun produit toxique (insecticide, fongicide, herbicide) durant la période de pollinisation. Si son usage est absolument nécessaire, il doit prévenir à l’avance pour que les ruches puissent être retirées.

Comment vérifier que les abeilles pollinisent correctement ?

Dans l’arbre, on peut observer pendant un temps déterminé les abeilles qui visitent les fleurs. L’arbre est divisé en 6 sections, et on compte les abeilles visibles en 10 à 15 secondes. Pour une bonne pollinisation, il doit y avoir un minimum de 20 abeilles par arbre de taille moyenne.

Selon la révision de Lucas Garibaldi, 2019, « Crop pollination management needs flower-visitor monitoring and target values », une fleur de pommier a besoin d’environ 10 visites pour être correctement pollinisée et reste réceptive durant 3 jours, une fleur de pastèque nécessite 8 à 12 visites et reste réceptive durant 2 jours, tandis que les myrtilles ont besoin de plus de 10 visites, et leur fleur est réceptive pendant environ 2 jours, pour ne citer que quelques exemples.

Pour évaluer la pollinisation dans la ruche, on peut compter la quantité d’abeilles sortant en un temps déterminé. Environ 100 abeilles par minute, est une valeur indicative requise aux États-Unis lors des inspections du service de pollinisation des amandiers. On peut également l’évaluer à posteriori, lors de la récolte, en observant la qualité et la quantité des fruits autour de l’emplacement des ruches et en vérifiant s’il y a une diminution selon l’éloignement des ruches.

Une bonne pollinisation résulte d’un travail commun entre l’apiculteur et l’agriculteur, c’est pourquoi il est important de formaliser un contrat entre les deux parties, en fixant les besoins de chacun :

• Moment d’entrée et de sortie des ruches.
• Nombre de ruches et emplacements.
• Qualité des ruches.
• Prix du service et modalités de paiement.
• Bonnes pratiques de gestion de la ferme en relation avec les ruches.
• Modalités et délai pour retirer les ruches en cas d’urgence.
• Points d’eau.

Le professionnalisme et la confiance entre les parties amélioreront la récolte, tant en quantité qu’en qualité.

Groupe d’abeilles pollinisant une fleur